Les Nouveaux Sauvages

Les Nouveaux Sauvages (Relatos salvajes) est un film de Damián Szifrón

Romina et Ariel fêtent leur mariage dans un grand hôtel de Buenos Aires. Soudainement, Romina découvre qu’Ariel la trompe avec une collègue, invitée à la noce. S’ensuit un mélodrame échevelé où Ariel, recherchant sa femme, la trouve sur le toit de l’hôtel en plein acte de vengeance dans les bras d’un cuisinier. Romina promet à Ariel une vie infernale et de lui refuser le divorce, puis revient à la fête où elle s’en prend à la maîtresse d’Ariel et la fracasse contre un miroir. Ariel fond en sanglots et sa mère s’écharpe avec Romina. En état de choc, Romina et Ariel transcendent leur colère dans une danse passionnelle jusqu’à entamer une relation sexuelle devant leurs invités qui finissent par quitter les lieux.

Cette scène constitue une illustration à la fois poignante et amusante des rites de l’interaction au sens de Erving Goffman, et du travail social effectué pour préserver la face. Comme le dit Goffman, la face est « la valeur sociale positive qu’une personne revendique effectivement à travers une ligne d’action que les autres supposent qu’elle a adoptée au cours d’un contact particulier »1. En interaction avec d’autres, la règle fondamentale que doit respecter tout individu est de préserver sa face et celle de ses partenaires.

Alors en pleine dispute conjugale pendant son mariage, Ariel tente de mettre en place des stratégies de préservation de la face : de nombreux sourires à l’attention du public, des excuses répétées aux parents, puis une ultime tentative de calmer la situation en avouant sa faute. Ce travail, qui s’avère être un échec, rend la tension palpable. Le spectateur suit avec circonspection la fuite en avant du couple qui résout la situation en initiant une relation sexuelle sur la piste de danse.

Dans l’ensemble, ce film constitué de six récits sur le thème de la vengeance s’amuse à montrer par l’absurde le rôle primordial des rites pour pacifier les relations et évacuer le malaise.


  1. Erving Goffman, Les rites d’interaction, 1974.